La famille Alard, des vignerons depuis 1848
L’histoire continue en 1914…
— 03 HENRI ALARD
A la crise majeure de la perte de l’appellation Bordeaux, s’ajouta la guerre 1914-1918 où le Château fût confronté à des pénuries de main d’œuvre (les hommes étaient au front) et de matériaux (liège, souffre, cuivre, verre, bois, les fûts et les bouteilles étaient consignés) ainsi qu’à une totale désorganisation des transports.
C’est dans le contexte de l’entre-deux guerres qu’Henri Alard (né en 1886) s’associa avec 7 autres vignerons du bergeracois pour fonder en 1940 la cave coopérative du Monbazillac. L’objectif était de mutualiser les coûts de production, créer une qualité de renom et construire la notoriété de cette nouvelle appellation d’origine contrôlée (décrétée en 1936). En 1960, la cave coopérative achètera le château de Monbazillac afin d’en faire la « vitrine » de ce vignoble.
— 04 SERGE ALARD
Cependant, c’est Serge Alard (né en 1921) qui, avec son tempérament audacieux et précurseur, va reconsidérer cette méthodologie de production et revenir aux fondements familiaux : être un vigneron indépendant. Cette détermination prit ses origines durant la seconde guerre mondiale. En 1941, il prit le parti du Général De Gaulle, abandonna le domaine et s’enfuit en direction de Casablanca afin de s’engager dans l’armée de la France Libre. Il participa au premier débarquement à Marseille. Démobilisé en 1945, il prit le même chemin que ses ancêtres, la succession du domaine. Ayant vécu pendant plus de trois ans à l’étranger, il développa son palais et sa connaissance du vin, qu’il soit italien, espagnol ou français. Tirant parti de cette expérience, de son savoir-faire et de son esprit tourné vers la modernité, il travailla ardemment pour arriver à ses fins, créer ses propres vins.
Son but sera un temps retardé par le gel catastrophique de 1956. Avec des températures de -25°c pendant plusieurs jours, suivi de trois années supplémentaires de gelées de printemps, le vignoble sera décimé pour la seconde fois. Serge, peu désarçonné par cette situation, participa activement à replanter son vignoble en vignes hautes (moins sensible au froid car celui-ci est moins vif au-dessus de 50-60 cm du sol). A partir de 1960, le domaine est modernisé, et les foudres (cuves en bois) sont remplacés par des cuves en béton, plus adaptées à l’évolution des techniques de vinification. Fort de cette innovation, Serge pris la décision de se séparer de la cave coopérative de Monbazillac et s’employa à produire un vin de qualité, selon son propre souhait et ses propres goûts.
— 05 PIERRE ALARD
Pierre Alard (né en 1950) s’impliquera très jeune sur la propriété. Ambitieux, passionné et résolument autodidacte, il manifeste un attachement significatif envers son terroir, ce qui le pousse à participer activement au renouveau qualitatif du Monbazillac (obligation de récoltes manuelles par tries, rendements limités…). Très tôt, il prit ainsi le parti de l’élite de l’appellation en valorisant les valeurs rigoristes de ses ancêtres dans le processus de production et de vinification. La qualité de ses vins fût reconnue par ses pairs, le distinguant par de nombreuses médailles. Dans le même temps, il s’employa à bâtir un chai moderne, en adéquation avec les avancées techniques de l’époque en matière de vinification.
Travailleur infatigable, il multiplia les déplacements, les rencontres et fît prospérer le commerce de ses vins en France et à l’étranger.
A l’aube de son départ en retraite, il prit la décision, conjointement avec ces deux fils, Julien et Antoine, de reprendre l’exploitation du Château De Biran, situé sur la rive droite de la vallée de la Dordogne, un des plus beaux terroirs de Pécharmant. Cette propriété, une des plus anciennes production viticole de la région, constitua une nouvelle base de travail, ainsi qu’un nouveau défi pour la famille Alard, qui tire aujourd’hui la quintessence de ce terroir surplombant la rivière Dordogne, à travers l’élaboration d’un vin rouge identitaire, raffiné et expressif.
C’est ainsi que cette génération démarra un nouveau chapitre de l’histoire de la famille Alard.